« Je suis le meilleur des meilleurs ! ». Vous l’avez certainement déjà entendu ou lu des centaines de fois si vous vous demandez comment bien choisir votre club de self-défense.
Le plus grand centre de Krav Maga, la meilleure discipline de self défense, enseignée par un militaire, policier, … La liste des superlatifs utilisés est longue.
Moi-même, en cherchant un club de Krav Maga pour la première fois il y a plusieurs années, je me suis laissé influencer par ces propositions alléchantes.
Le but de cet article est de vous faire prendre conscience qu’il s’agit en réalité d’un schéma mental propre à l’être humain, qui est sensible à cet argument qu’est l’autorité.
![Comment bien choisir son club de self-défense ?](https://i0.wp.com/kravblog.com/wp-content/uploads/2023/06/360.png?resize=1024%2C187&ssl=1)
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Self défense et manipulation
Si vous connaissez le moyen de vous défendre contre un coup de poing, un étranglement ou autre, vous serez donc capable de réagir si jamais la situation se présente.
Il en va de même pour la persuasion et la manipulation et cela est important si vous vous demandez comment bien choisir son club de self-défense.
Car une agression est visuelle.
La manipulation ne l’est pas.
On ne peut pas toucher les mots ou les actions qui nous poussent à faire quelque chose qui est contre intuitif.
Cependant, comme pour la self défense, si vous connaissez le problème, ainsi qu’une réponse, il est possible de pouvoir réagir et d’éviter la catastrophe.
Après avoir fait bon nombre de recherches et lu plusieurs ouvrages sur le sujet, j’ai réalisé à quel point cet argument d’autorité était surexploité dans le monde des arts martiaux et de la self défense.
Bien choisir son club de self-défense : L’autorité
Avant de jeter la pierre à quiconque, il convient de rappeler qu’il est normal d’utiliser ce genre d’appellation pour tenter de faire venir des élèves dans son club.
Il ne viendrait à l’esprit de personne de faire de la publicité de son club avec un slogan du genre « Cours de self défense pas terrible, inefficace et enseigné par Jean-Charles, cul de jatte aveugle ».
Mouais. Pas très convaincant, n’est-ce pas ?
Ce qui pose problème, c’est l’utilisation abusive de ces termes ronflants visant à sur-vendre ou exagérer afin de faire croire aux élèves novices que l’on propose l’enseigement ultime, celui qui vous transformera en super guerrier capable de vaincre Superman (voire même vous transformer en Superman lui-même dans certains cas… ).
Un problème bien souvent pointé du doigt est le nombre d’instructeurs s’auto attribuant un titre, un grade ou une ceinture, que ce soit le Karaté, Jiu Jitsu Brésilien ou le Krav Maga, pour ne citer qu’eux.
De ce fait, ces personnes, qui seront malheureusement motivées par leur manque de connaissances, l’ego et l’appât du gain, amèneront de facto une mauvaise réputation à ces disciplines.
Certains n’hésitent pas à surenchérir et à gonfler leurs titres, qu’il s’agisse d’une expérience dans les corps de police, militaire ou autre.
Et vous n’avez aucun moyen de savoir s’ils mentent ou pas.
Dans la self défense, mais pas que.
Mais au-delà de ces mauvaises réputations que les systèmes de self défense tels que le Krav Maga peuvent traîner malgrés eux, il s’agit surtout de comprendre le fonctionnement de ces appels à l’autorité.
Nous allons voir ça ensemble, afin que vous puissiez ensuite poser un jugement plus objectif par la suite, que ce soit dans le choix d’une discipline martiale ou même ailleurs.
Car oui, cela ne concerne pas que les arts martiaux.
Avez vous déjà entendu parler de… ?
Stanley Milgram ?
Si ce nom vous est inconnu, retenez-le bien.
En 1963, il effectue un expérience aux résultats saisissants :
💡 L’expérience de Milgram est une expérience de psychologie publiée en 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience évalue le degré d’obéissance d’un habitant des Etats-Unis du tout début des années 1960 devant une autorité qu’il juge légitime et permet d’analyser le processus de soumission à l’autorité, notamment quand elle induit des actions posant des problèmes de conscience au sujet. L’expérience a suscité de nombreux commentaires dans l’opinion publique, ainsi que dans le milieu de la psychologie et de la philosophie des sciences, et a inspiré de nombreuses œuvres de fiction ou de télévision.
Quel rapport avec les arts martiaux ?
J’ai souvent lu ou entendu des pratiquants justifier leur choix par « tel instructeur a fait l’armée/a été à la police, il est forcément compétent, je lui fais confiance ».
Il est parfaitement logique de réfléchir comme cela. En tant qu’être humain, nous cherchons naturellement la meilleure solution à notre problème, qu’il s’agisse de faire appel à un électricien, un professeur de langue ou encore un instructeur en arts martiaux.
Et se référer à un statut d’autorité dans les arts martiaux devrait faire preuve de compétence.
Mais malheureusement, un tel raisonnement peut être totalement erronné et ce, pour plusieurs raisons :
- Être policier ou militaire n’implique pas de facto la compétence. J’ai personnellement rencontré plusieurs dizaines de policiers ou militaires venus se former chez moi afin de parfaire leur entraînement pour la simple raison que l’enseignement proposé à l’académie n’était pas suffisant ou ne reflétait pas la réalité du terrain.
- Les symboles d’autorités peuvent être faux, inventés, déformés ou exagérés.
- Il faut être absolument sûr de la compétence de l’instructeur. Dans le cas d’un débutant, cela devient très difficile de vérifier cela, étant donné que le débutant qui cherche à se former sait pertinemment bien qu’il n’a pas de connaissances en la matière. Dès lors, son choix reposera sur les points de repères disponibles qui viseront à l’aider à se forger une opinion et nous savons désormais que l’autorité perçue viendra biaiser la perception de l’élève. L’élève sera donc beaucoup plus enclin à accepter toute information comme véridique, quelle que soit le niveau de pertinence de cette information. Dan Ariely parle de notre logique de décision et de la cohérence dans son livre C’est (vraiment) moi qui décide ? que je vous recommande très fortement.
- Certaines personnes refusent catégoriquement de se faire entraîner par quelqu’un qui n’est pas militaire/policier. Un tel raisonnement implique de croire que si on n’a pas fait la police/l’armée/tout autre service de sécurité, il est impossible de devenir compétent en combat ou en self défense.
- Si l’on suit ce raisonnement, cela signifie que, si vous êtes ingénieur informatique, vous ne pourrez jamais faire une reconversion professionnelle afin de devenir avocat car ce sont deux branches significativement différentes. Autre exemple suivant cette logique : Connor McGregor ne peut être reconnu comme un véritable combattant car il n’a pas de formation policière ni militaire et ses titres en UFC devraient donc être invalidés.
- Si vous êtes pratiquant et que vous souhaitez devenir un jour instructeur, vous ne pouvez pas, à moins de déjà être policier ou militaire.
Enfin, la mise en pratique de techniques militaires ou policière diffère totalement des techniques enseignées aux civils.
Mais les personnes qui ont décidé de se baser sur ces arguments d’autorité ont clairement compris quelque chose…
Se démarquer pour mieux vendre
Vous le savez, si vous avez un produit ou un service à vendre, il faut se démarquer de la concurrence afin de trouver son public, sous peine d’être un concurrent qui copie sans originalité.
Les arts martiaux et la self défense ne font pas exception à la règle. C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de développer une activité dans un milieu saturé et aujourd’hui, toutes les disciplines se targuent d’être une discipline de « self défense ».
Mais là où le problème se situe réellement, c’est lorsque l’on se retrouve avec pour seul motif de différence le slogan « je suis policier, le plus fort, le plus puissant ».
Certes, c’est accrocheur, mais est-ce vraiment la réalité ?
Avez-vous suffisament de recul et de données sur la personne afin de pouvoir prendre une décision rationnelle ?
L’heuristique de disponibilité
Car oui, se baser uniquement sur ces informations nous amène à un autre paramètre qui peut venir jouer en notre défaveur : l’heuristique de disponibilité.
Késako ?
💡 En psychologie, l’heuristique de disponibilité est un mode de raisonnement qui consiste à se baser uniquement ou principalement sur les informations immédiatement disponibles en mémoire, sans chercher à en acquérir de nouvelles concernant la situation. Cette heuristique du jugement peut engendrer des biais cognitifs, appelés biais de disponibilité.
Vous avez certainement déjà rencontré un personne ayant lu une information sur un site et qui a pris cette information pour argent comptant sans remettre en question la véracité des propos (Non, Jean-Luc, la terre n’est pas plate, même si un général chinois caché derrière une page Facebook affirme le contraire).
C’est le rôle que joue l’heuristique de disponibilité. Notre cerveau adore ce genre de fonctionnement pas toujours très malin : prendre les informations disponibles pour en fabriquer une conclusion parfois un peu bancale.
D’ailleurs, pour en apprendre plus à ce sujet, je vous invite à lire l’incroyable ouvrage de Daniel Kahnemann sur le sujet : Système 1, Système 2, les deux vitesses de la pensée.
Dans notre cas, l’objectif est de savoir comment bien choisir son club de self-défense et les informations disponibles sont uniquement celles qu’un instructeur daigne vous donner.
De ce fait, vous serez bien obligé de le croire sur parole et si vous n’êtes pas déjà un expert en arts martiaux, cela prendra des mois et vous coûtera beaucoup d’argent avant de vous rendre compte que cet énergumène est un arnaqueur.
💡 Les humains ne sont pas les seuls à être concernés par cette capacité innée à croire sur parole les personnes considérées comme faisant référence dans leur domaine.
Mais du coup, comment faire pour éviter ça ?
Comment choisir son club de self-défense : 7 astuces à connaître
Que vous soyez pratiquant chevronné ou débutant en recherche d’un club, voici quelques astuces pour éviter de se retrouver dans un cours où votre instructeur voudra vous apprendre à déplacer votre adversaire par la seule force mentale.
Cela vous permettra aussi de pouvoir trouver un club où votre apprentissage de la self défense sera mis en avant et vous évitera de vous retrouver dans le club d’un charlatan.
1. L’inbound marketing
C’est moi le plus grand et le plus fort et je suis policier, ce n’est pas un argument très percutant.
L’argument d’autorité peut fonctionner dans certains cas mais il y a une manière bien plus intéressante de persuader les gens à s’intéresser à ce que vous faites, et à les motiver à prendre le service que vous proposez.
Il s’agit d’un concept créé par Seth Godin, celui d’inbound Marketing, qui a pour objectif de générer l’intérêt de prospects en leur offrant du contenu intéressant et adapté à leur position dans le processus d’achat.
Le principe de la réciprocité repose sur le fait que les êtres humains ont tendance à se sentir redevables lorsqu’ils reçoivent un cadeau, un service ou une faveur. Lorsque quelqu’un nous donne quelque chose de manière désintéressée, nous ressentons le besoin de lui rendre la pareille pour rétablir un équilibre.
Cherchez donc un instructeur qui est généreux et vous explique comment fonctionnent les choses plutôt que quelqu’un qui évitera de vous partager son savoir.
2. Soyez sûr de ce que vous recherchez
Si vous vous demandez comment bien choisir votre club de self-défense, il y a une chose importante à connaître : Self défense ou pratique martiale compétitive sont deux choses totalement différentes.
Évitez de choisir simplement sur le visuel. Les disciplines ayant une branche compétitive dans laquelle les techniques de self défense enseignées sont… interdites.
Ce n’est pas parce qu’il y a du pied-poing que cela conviendra forcément à ce que vous recherchez.
Apprenez à bien faire la différence entre sports de combat et self-défense.
3. Évitez d’agir impulsivement
Prendre du recul et ne pas agir impulsivement est un excellent moyen de ne pas se laisser piéger par ces propositions gonflées aux stéroïdes.
La pandémie de Covid-19 aura vu un nombre incroyables d’experts auto-proclamés fleurir sur les réseaux sociaux.
Prenez le temps d’analyser correctement et de comparer les différents clubs/disciplines où vous souhaitez vous entrainer. Beaucoup de clubs proposent des séances d’essai gratuites, n’hésitez pas à tester pour vous faire une idée.
4. Les symboles d’autorité peuvent être contrefaits
Comme dit plus haut, les symboles d’autorités peuvent être contrefaits, modifiés ou présentés sous un angle de vue flatteur mais qui ne reflètera pas la réalité.
Nous souhaitons tous obtenir le meilleur enseignement afin de nous garantir un apprentissage optimal et nous assurer de ne pas tomber dans une arnaque. Malheureusement, avoir un diplôme ne signifie pas obligatoirement la compétence.
Beaucoup ont un diplôme qui est souvent brandi fièrement afin de valider leur autorité et (surtout) satisfaire leur ego. Rappelez-vous que ce n’est pas le diplôme qui se défendra dans la rue a la place de son détenteur.
5. L’abus de symboles d’autorité
Expert en self défense, coach en développement personnel, en nutrition, en musculation, …
Le nombre incalculable de titres auto-attribués visant à impressionner devrait vous alerter.
Il ne vous viendrait pas à l’esprit qu’une formation en informatique vise en plus à vous apprendre la cuisine, parler le finlandais et changer les pièces du moteur de votre voiture, pour seulement 99€ à la place de 799€… (une promotion à ne pas rater!)
Comme pour le point précédent, il faut pouvoir vérifier qu’il ne s’agit pas d’esbrouffe mais de véritables compétences qui peuvent vous être expliquées via des exemples réels et tangibles et vous servir réellement.
6. Qu’est-ce qu’il a à gagner ?
Les instructeurs qui prennent le temps de vous expliquer, dans le but de vous faire progresser n’hésiteront pas à partager leur savoir avec vous.
Avec tous les points précédents en tête, demandez-vous ce que peut réellement vous apporter un instructeur qui se barde d’un trillion de titres rutilants.
Le but d’un instructeur de self défense ou de Krav Maga n’est pas d’essayer d’impressionner ses élèves dans l’espoir de flatter son ego mais bien de les préparer à affronter la réalité en cas d’agression.
Les personnes sincères ont tendance à ne pas faire passer leurs intérêts avant ceux de leurs élèves.
De plus, notre but, en tant qu’instructeur, est de pousser nos élèves à progresser, quitte à les voir dépasser notre propre niveau un jour à force d’entraînement, pas à les maintenir en-dessous afin de continuer à garantir notre dominance et un besoin d’ego.
7. Vous former correctement
Au-delà de tout ça, il s’agit de s’assurer d’être dans un club qui vous permettra de vous former correctement grâce à des exercices de mises en situation réalistes.
Ces exercices peuvent notamment inclure des prises de décision, des mises sous stress ou encore des exercices de combat et de sparring.
Ceux-ci vous permettront d’entraîner votre système nerveux et votre cerveau à réagir de manière correcte et proportionnée en cas d’agression.
Pour terminer
Avec toutes ces infos en tête, vous devriez pouvoir plus facilement déterminer comment bien choisir votre club de self-défense ou d’arts martiaux. Et pour vous permettre de bien comprendre de quoi il s’agit, voici une petite compilation d’instructeurs hors-pairs, dont vous ne devriez pas manquer les démonstrations.